Statut Facebook de janvier 2013.
Toi, je t’aime.
La première fois que je t’ai vu, faisant tourner en boucle une démonstration de l’Arche du Capitaine Blood, de notre sacro-saint et génie Philippe Ulrich, je n’en ai pas cru mes yeux. Comment une machine aussi accessible en terme de prix pouvait être aussi puissante ? afficher d’aussi belles et complexes images ? Jouer une musique numérisée depuis l’album Zoolook de Jean-Michel Jarre en prenant le luxe de la modifier au passage pour la rendre originale ?
Avec toi j’ai découvert des horizons qui m’étaient inconnus jusqu’alors. Tes capacités extraordinaires pour l’époque permirent aux créateurs de jeux vidéo, dont certains sont devenus membres d’honneur de l’association https://mo5.com que j’ai créé pour sauvegarder les entités de ton espèce, de nous faire découvrir nous joueurs de jeux vidéo des mondes merveilleux et magiques, des ténèbres des corridors de pierres froides de Dungeon Master jusqu’aux cieux lointains et futuristes d’Elite.
Tu m’a accompagné avec brio dans mes premiers programmes informatiques vraiment conséquents, au contraire de tes petits frères les micros 8 bits, trop limités : des jeux vidéo, des logiciels de dessin, des logiciels de morphing entre deux images complexes avec mon pote Romuald. Tu étais capable, une fois programmé en assembleur, d’accomplir de véritables miracles. Tu pouvais même servir de décodeur Canal+ à l’époque, c’est dire que même le traitement vidéo ne te faisait pas peur. Rien ne te faisait peur d’ailleurs, même pas l’émulation PC où tu allais aussi vite qu’une vraie machine IBM PC équipée d’un 8086, la honte pour elles.
Et pourtant, elles t’ont bouffé. Elle t’ont enterrées, toi et ton grand ami et concurrent, le superbe Amiga qui te rendait souvent envieux à la cour de récré. Mais finalement, vous vous êtes sûrement unis dans la mort, au panthéon des machines merveilleuses qui firent de nous ce que nous sommes, des utilisateurs conquis et heureux, tout simplement, et qui vous devons tout.
Toi, mon Atari ST, tu es à jamais dans mon cœur et dans mon âme, et tous mes loisirs numériques et la joie que j’en retire, je te les dois en grande partie.
Philippe Dubois « Prez »