Ultraman sur Netflix est une série grotesque : Les combats vite fait, le scénario lent et peu motivant, les personnages vraiment pas attachants, à part ce Bemlar si mystérieux et qui ne révèle rien de lui ou ses motivations. Et puis à la fin du treizième épisode de cette première saison vraiment pas folichonne, il y a cette séquence de quoi, 1m30 secondes, que je vous laisse découvrir :
Et là on remet tout à plat. Elle est parfaite. Elle est superbe. Elle est incroyable ! Elle est prodigieuse ! Et je vais vous expliquer pourquoi.
Ces 1m30 secondes sont d’une richesse scénaristique incroyable face à l’immense néant de tous les épisodes précédents, comme si les scénaristes s’étaient soudainement réveillés de leur torpeur pour faire enfin passer le message qu’ils voulaient donner. Alors, voyons ensemble une analyse de ce fameux message.
Du ciel menaçant et d’un ennemi invisible, une bombe atomique géante menace de s’écraser sur le Japon et de tuer tout le monde. Je pense que vous avez saisi le tableau : La bombe atomique d’Hiroshima nourri et nourrira jusqu’à la fin des temps l’imaginaire des Japonais. C’est d’autant plus vrai que lorsque le centre de contrôle détecte l’engin rentrant dans l’atmosphère, ils annoncent que celui-ci affiche un poids d’environ 5 tonnes. C’est très proche du poids réel de Little Boy, la bombe atomique Américaine qui rasa Hiroshima (https://fr.wikipedia.org/wiki/Little_Boy) avec ses 4400 kilos.
Le doute n’est à ce stade plus permis, ce n’est pas du tout un hasard, surtout qu’à vu de la taille de l’engin par rapport à Bemlar, son poids devrait plutôt coller autour des 50000 tonnes voir beaucoup plus.
Mais continuons notre analyse. Alors que nos héros, à bout de force mais victorieux des ennemis sur leur sol sacré, un ennemi vicieux et sans honneur, assistent impuissant à l’arrivée de la bombe, Bemlar apparait une nouvelle fois et s’interpose comme un messie, un chevalier, et d’un geste détruit la bombe et réduit à néant l’engin ennemi qui l’avait lancé, sauvant du coup le Japon. Son casque de Samurai démoniaque, de Oni, ne nous permet pas de douter du symbole qu’il revêt pour sauver le Japon : il s’agit d’un Samurai sacré, divin, un Dieu envoyé par la prière des Japonais pour les protéger et exterminer l’ennemi.
Mais, pour autant, on peut donner une autre lecture de l’intervention divine de Bemlar, une lecture beaucoup plus proche cette fois-ci de notre continent, une approche christique. Bemlar représente le Christ, un Christ cynique et provocateur dans le premier épisode, mais tout de même un Christ protecteur et enclin à vouloir sauver les hommes, dont il va avoir besoin (voir les explications en fin d’article).
Lorsqu’il se mesure enfin à la bombe, à ce danger venu du ciel qui menace l’humanité, envoyé par des démons invisibles aux yeux des hommes (le vaisseau qui largue la bombe est invisible à l’oeil nu et aux radars), il s’interpose, corp et âme et accompli un miracle : Le miracle de sauver les hommes. Il fait ce choix délibéré au péril de sa vie, mais tout dans son action respire la confiance en lui, la confiance en ceux qui croient en lui. Plus précisément encore, il accompli ce miracle en utilisant les mêmes gestes que le héro Shinjirö, le signe de croix qui libère le rayon Spacium, ce rayon libérateur, protecteur, purificateur, ce qui est bien sûr significativement très fort et affirme le coté christique du personnage, inspiré par la foi et les actes des hommes.
Mais analysons ensemble la séquence la plus intéressante de cette vidéo, celle où Bemlar se lève justement pour contrer la bombe, avant d’aller vers la conclusion :
Au terme de cette action divine, Bemlar descend rejoindre nos guerriers au sol et prétend être intervenu pour sauver un des protagonistes durement blessé et sur le point de mourir, Yuko. Alors que dans le premier et huitième épisodes, celui-ci teste Shinjirö afin de révéler sa « foi », son pouvoir, et se défini lui-même comme « l’ennemi numéro un ». Il évoque alors que ce dernier c’est réveillé (à la foi) et maitrise enfin tous les pouvoirs qui lui ont été confiés, et finalement ne s’y intéresse pas d’avantage. Il récupère donc le corp de Yuko, inerte, et va l’amener avec lui dans l’espoir de le ressusciter. A ce stade, on peut certainement conclure que toutes les actions de Bemlar étaient parfaitement orchestrées : Il savait ce qu’il faisait, et surtout je pense qu’il savait ce qu’il cherchait : des apôtres ! Des apôtres pour le suppléer, qu’il va former, éduquer, alors qu’il disparaitra certainement à son tour plus tard (rien n’est éternel et ce serait logique), afin de continuer de porter la foi en son nom et en son honneur. Mais cela, nous n’en serons sûrs que dans la deuxième saison en effet, si celle-ci a bien lieu.
J’ajouterai également un petit paragraphe sur N, l’extra-terrestre qui guide la famille des Ultraman sur la voie (aka la foi). Il faut se rappeler qu’aux yeux des Japonais, et c’est particulièrement vrai dans la série L’attaque des Titans, tous les étrangers sont moches, difformes, grands et étranges. Comme N. Celui-ci guidant nos héros, les supervisants, on s’aperçoit bien vite qu’il en sait bien plus sur la menace qui plane et ses protagonistes qu’il ne veut le dire. N est certainement un prêtre, puisqu’ils sont arrivés au Japon au 17ème siècle, avec leur foi mystérieuse, mais qu’embrasse rapidement une partie des Japonais. Et il y a fort à parier que N et Bemlar se connaissent très bien…
Bien sûr, il n’est nulle question ici de vous donner envie de regarder toute la série, quoique. Elle reste assez lamentable aussi bien en termes de réalisation que surtout de scénario, globalement. Mais cette scène m’a subjugué, m’a tellement surprise que j’en viendrais presque et très personnellement à excuser la médiocrité de tous les épisodes précédents, maintenant que la pensée des scénaristes est enfin plus claire pour moi. Mais est-ce suffisant ? A vous d’en juger.
Philippe Dubois « Prez »